Les définitions de la simulation procédurale sont nombreuses et évolutives

 

« Si l’on considère qu’une procédure est « un processus suivi pour conduire une expérience, successions d’opérations à exécuter pour accomplir une tâche déterminée », la simulation procédurale est une méthode utilisant un simulateur (synthétique, humain, numérique…) pour enseigner ou reproduire ce processus. En pratique, ce terme s’applique le plus souvent à l’apprentissage de gestes techniques sur des portions de mannequins ou sur du matériel applicable sur le corps humain (simulation hybride). Dans ces cas, un environnement « réaliste » est peu ou pas respecté et le terme souvent associé est celui de « basse fidélité ». Mais cette « vision » doit être remise en cause.

 

La simulation procédurale revêt aujourd’hui plusieurs visages et fait poser plusieurs questions

 

La première est celle de sa place dans les curriculums de formation. Elle doit bien sûr s’intégrer après l’acquisition des connaissances théoriques validées, et sans doute après une formation de « simulation procédurale numérique » de qualité. Ces étapes successives apparaissent aujourd’hui indispensables avant le « passage au patient ».

 

La seconde question d’importance est celle de l’évaluation de la simulation procédurale, qu’elle soit numérique ou non. Une grille d’évaluation validée (qui existe déjà pour bon nombre de gestes techniques mais malheureusement variable selon les équipes et donc non harmonisée et généralisée…) demeure nécessaire ainsi que la présence d’un « tuteur » pour « corriger en live » tout défaut ou anomalie d’apprentissage. Ceci peut être aussi facilité par un enregistrement vidéo de la séance, au mieux « personnalisée », permettant une évaluation plus efficace mais très consommatrice de temps.

 

La troisième question posée est celle de l’intégration des règles d’hygiène hospitalière dans la pratique de la simulation procédurale. Elle est jusqu’à maintenant notoirement insuffisante. Sans doute la pandémie actuelle va-t-elle modifier les comportements à ce sujet mais les gestes réalisés en centre de simulation doivent être ceux de la pratique quotidienne sur le patient.

 

Les moyens mis en place autour de la simulation procédurale 

 

Cela nécessite bien entendu des moyens conséquents mais sans doute négligeables par rapport aux bénéfices escomptés.

Enfin et surtout, un débriefing structuré et si nécessaire individualisé demeure la pierre angulaire de la formation. L’enseignant doit y être entrainé pour permettre une auto évaluation optimale des enseignés et surtout définir les actions d’amélioration qui permettront d’envisager plus sereinement la poursuite du curriculum.

 

La simulation procédurale demeure une étape essentielle dans la formation des professionnels de santé et doit être réalisée avec rigueur et méthode. Elle doit être aussi régulièrement actualisée. La simulation procédurale numérique prend une place de plus en plus importante mais ne doit pas faire oublier les principes de base de la simulation et en particulier l’importance du débriefing réalisé par un formateur d’expérience. »

 

JC. Granry

 

Pr. Jean-Claude Granry a écrit cette réflexion, autour de la simulation procédurale comme méthode pédagogique, pour la société Medicalem.

Professeur Jean-Claude Granry

 

Professeur titulaire des Universités Françaises, praticien au CHU d’Angers, Professeur Granry est anesthésiste-réanimateur en service de pédiatrie, mais également ancien Chef de Service au sein du pôle anesthésie-réanimation au département de soins intensifs d’Angers.

 

Directeur de l’hôpital et du centre de simulation Universitaire, expert dans le domaine de la simulation à la Haute Autorité de Santé, Monsieur Granry est également président fondateur de la Société Francophone de Simulation en Santé.